Au Sénégal, le système économique fait face à des défis majeurs qui impactent directement sur notre niveau de développement à savoir la vulnérabilité des acteurs clés de l’économie à savoir les jeunes et les femmes.
Le dernier rapport de l’ANSD révelle une population jeune, avec un âge médian de 19 ans, et une proportion de femmes légèrement inférieure à celle des hommes (49,4% contre 50,6%) selon le RGPH-5 de 2023. Au niveau de l’emploi, les femmes et les jeunes font face à des taux de chômage plus élevés, et les jeunes NEET (ni en emploi, ni en formation, ni aux études) sont particulièrement nombreux.
Cette situation renforce d’avantage le défi de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes comme alternative pour la lutte contre le chômage et la vulnérabilité. Malheureusement cet entrepreneuriat demeure informel et sans et inefficace.
Les femmes entrepreneures sénégalaises évoluent dans un environnement particulièrement contraignant. Seulement 12% des entreprises formelles sont dirigées par des femmes, malgré leur forte présence dans l’économie informelle. Les obstacles incluent l’accès limité aux garanties foncières, les responsabilités familiales non partagées, et les normes sociales restrictives. Dans le secteur agricole, bien que les femmes produisent 70% des denrées alimentaires, elles ne possèdent que 15% des terres cultivables, limitant ainsi leur capacité d’investissement et de développement.
La double transition comme opportunité réelle pour le développement du Sénégal
Le Sénégal dispose d’une opportunité unique de « saut technologique » qui permet de contourner certaines étapes de développement traditionnel. Avec un taux de pénétration mobile de plus de 110% et une croissance rapide de l’internet mobile, le pays peut exploiter ces infrastructures pour créer des emplois innovants. Les jeunes, naturellement plus adaptés aux nouvelles technologies, peuvent devenir les moteurs de cette transformation en développant des solutions locales adaptées aux besoins spécifiques du marché sénégalais.
Face aux impacts du changement climatique, particulièrement sévères au Sahel, l’économie verte représente une nécessité vitale pour le Sénégal. Les sécheresses récurrentes, l’érosion côtière et la dégradation des sols créent un besoin urgent de solutions durables. Les emplois verts offrent une double opportunité : répondre à ces défis environnementaux tout en créant des opportunités économiques pour les populations vulnérables. L’agriculture climato-intelligente, par exemple, peut augmenter les rendements de 20-30% tout en préservant l’environnement.
Le REACT demeure convaincu que cette double transition est le seul levier du développement durable au Sénégal, qui s’appuie sur les jeunes et les femmes.
La formation seule ne suffit pas pour garantir le succès entrepreneurial. Les études montrent que 70% des entreprises créées par de jeunes entrepreneurs échouent dans les trois premières années faute d’accompagnement adéquat. Un suivi personnalisé, incluant du mentorat, de l’assistance technique et un accès facilité aux marchés, multiplie par trois les chances de survie des entreprises. Cette approche d’autonomisation est particulièrement cruciale pour les femmes entrepreneures qui font face à des défis spécifiques liés aux stéréotypes de genre et aux responsabilités familiales.
Le rôle des technologies financières (Fintech) dans l’inclusion
Les services financiers numériques révolutionnent l’accès au financement pour les populations exclues du système bancaire traditionnel. Au Sénégal, les solutions de mobile money touchent déjà plus de 60% de la population adulte, créant de nouvelles opportunités pour les micro-entrepreneurs. Ces plateformes permettent non seulement l’épargne et les transferts, mais aussi l’accès au microcrédit et aux assurances. Pour les femmes rurales, ces services représentent souvent leur première interaction avec le système financier formel.
L’intégration régionale comme multiplicateur d’opportunités
L’intégration économique régionale, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), ouvre de nouvelles perspectives pour les entrepreneurs sénégalais. Les femmes et les jeunes peuvent particulièrement bénéficier de cette ouverture en développant des produits et services adaptés aux marchés régionaux. Le commerce électronique transfrontalier, l’exportation de produits transformés et les services numériques représentent autant d’opportunités à saisir.
Le Sénégal a l’opportunité de développer un modèle de croissance endogène basé sur la valorisation de ses ressources humaines, naturelles et des technologies pour la promotion de la double transition.
Cette approche, centrée sur l’autonomisation des femmes et des jeunes, va créer un cercle vertueux de développement durable. En investissant dans l’éducation, la formation et l’accompagnement de ces populations à partir du niveau local, le pays peut réduire sa dépendance aux importations, lutter contre l’émigration clandestine, créer des emplois locaux de qualité et construire une économie plus résiliente face aux chocs externes.
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